Degrés d’attitude

1995 - 2005

Dix années d’art contemporain

1999

Du 5 au 27 mars 1999

Marseille

Friche de la Belle-de-Mai


Du 14 janvier 

au 12 février 2000

Liévin

Galerie Arc-en-ciel

Janusz Stega sur Wikipédia

Janusz STEGA, Papier trauma

Janusz Stega

Peindre, c’est dire l’indicible, c’est aussi révéler le réel.

Peindre, c’est d’abord faire le geste de passer l’outil, le rouleau, qui laisse l’empreinte du décor choisi, graphisme qui se déroule à l’infini. C’est ainsi que, dans les maisons traditionnelles polonaises, on décorait les murs peints au préalable à la chaux, on disposait ainsi de quantités de motifs.

Le rouleau gravé de caoutchouc s’alimente de peinture et la réserve perpétuelle permet de légères variations de densité colorée, marquant de ses irrégularités le support sensible.

Sensible n’est pas peu dire, puisqu’ici il s’agit bien de papier photo sensible, de grande taille (330 x 220 cm), déroulé lui aussi.

Ces grands formats, posés à la verticale dans l’obscurité, reçoivent la projection d’un négatif photographique, ici document de guerre de l’actualité polonaise en 1942.

Ces matériaux photographiques pour le travail de la peinture vont produire une création hybride, entre révélation et apparition, par superpositions. C'est le geste mécanique du peintre qui trempe le rouleau dans le révélateur photographique et l'applique verticalement sur le support suspendu qui va ostensiblement faire émerger l'image en positif, pas en surface comme dans un développement traditionnel de laboratoire, mais à travers les arabesques et autres volutes décoratives qu'offre chaque rouleau.

D'abord, bien sûr, on ne voit rien, sinon qu'une trame, réseau de traces, d'entrelacs par bande de 20 cm environ, faiblement apparentes, puisque dépendantes des nuances de valeur de gris portées par l'image. Ce n'est que lorsque le peintre est passé partout, sur l'ensemble de la surface de papier, que s'avère peu à peu une lecture possible.

Et encore, faut-il prendre de la distance, reculer, avancer, appréhender l'image de loin, afin de reconstituer une vision homogène, et là, à la manière de ces images d' Épinal qui offrent à voir tantôt un gendarme, tantôt un paysage, selon la manière dont on les aborde, selon ce que l'on choisit de sélectionner, seulement alors, notre regard peut décrypter l'image enfin révélée.

Elle renvoie à une situation de tension, prémices de crime ou de barbarie guerrière...

Ici ou ailleurs, maintenant ou hier... On voit mal, ou l'on ne veut pas voir...

C'est donc comme en recouvrant l'intérieur des maisons pour les rendre plus accueillantes et chaleureuses, que, par enchantement, les parois du mur disparaissent pour laisser surgir la réalité monstrueuse de notre histoire.


Patricia MARSZAL