Ces chemins qui menaient

à Rome

En 50 avant J.-C., toute la Gaule n’était pas occupée par les Romains. Le pouvoir de Jules César s’arrêtait au pied des Alpes où quelques peuplades «barbares» résistaient encore. Le Trophée de La Turbie (Alpes-Maritimes) a été édifié vers 6 avant J.-C. en l’honneur d’Auguste, enfin vainqueur de ces irréductibles Alpins.

Aujourd’hui encore, ce symbole de la puissance romaine, bien que ruiné, s’impose à la vue de tous. Il s’élève à proximité de la Voie Aurélienne. Depuis Beaucaire, au passage du Rhône, cette route littorale desservait Aix, Fréjus, Antibes, et Cimiez.

Un autre chemin empruntait, lui, la vallée du Rhône. Il reliait Arles à Lyon en passant par Orange. L’arc antique, porte nord de la cité, témoigne encore de l’importance de cette voie dite «d’Agrippa».

A l’évocation de ce réseau routier aménagé dès le Ier siècle avant J.-C., on reconnaît aujourd’hui l’itinéraire de notre Nationale 7.

Mais à l’époque romaine, la route la plus empruntée de la province reliait l’Espagne à l’Italie par Narbonne. Après Beaucaire et Glanum (St-Rémy), elle suivait la vallée de la Durance par Cavaillon, Apt, Céreste, Lurs, Sisteron, Gap et Embrun, avant de rejoindre la plaine du Pô par Briançon et le col de Montgenèvre. Construite au IIe siècle avant J.-C., elle a conservé le nom de son bâtisseur, le consul Domitius Ahenobarbus, c’est la célèbre Via Domitia, la plus vieille route de France.

De nombreux axes secondaires complétaient ce réseau. Quelques vestiges dignes d’intérêt en témoignent encore, comme le très beau pont Flavien, à Saint-Chamas, qui permettait à la route Arles-Marseille de franchir la Touloubre. 

Les travaux d’Auguste

Pour l’essentiel, ces grands aménagements ont coïncidé avec le règne d’Auguste. Cette période d’essor incomparable a succédé à celle de l’implantation romaine entamée par Jules César au milieu du Ier siècle av. J.-C.

Auparavant, si les Romains gouvernaient bien le territoire, s’ils avaient fondé Aix vers 122 av. J.-C. afin d’y installer une garnison chargée de protéger les alliés marseillais toujours menacés par les tribus celto-ligures, leur seule véritable colonie était établie depuis 118av. JC, à Narbonne, proclamée capitale de la Province. Ils contrôlaient ainsi la route de l’Espagne.

Mais Sous César et Auguste, en quelques décennies, les colons romains se sont emparés des principales agglomérations et en ont édifié d’autres. Arles, Fréjus, Avignon, Cavaillon, Apt, Carpentras, Riez, Orange, Vaison, sont devenues des villes romaines, desservies par un réseau routier parfaitement aménagé.

Les Romains il est vrai avaient bien fait les choses. Tous les 30 km, des auberges offraient aux grands voyageurs le gîte, le couvert et même, au besoin, des chevaux de rechange. Grâce à ces relais, la messagerie impériale atteignait une efficacité jusque-là inégalée. Historiens et archéologues ont pu localiser la plupart de ces étapes, comme celles de Céreste (relais de Catuiacia) et de Notre-Dame-des-Anges, sur la commune de Lurs (relais d’Alaunium). Des bornes informaient également le voyageur. Celle de Tavernoure, à Mane, entre Céreste et Lurs, annonçait peut-être la proximité d’un relais. 

Construites parfois en remblai ou en déblai lorsque la configuration du terrain l’exigeait, la voie romaine franchissait tous les obstacles grâce à des gués comme celui du Reculon, à proximité de St-Michel-l’Observatoire et, bien sûr, des ouvrages de bois ou de pierre comme le solide pont de Ganagobie, qui enjambe le Buès, ou encore le pont Julien sur le Cavalon, près d’Apt.

Toutes ces voies romaines ont survécu à l’Empire. Commerçants, militaires et pèlerins les ont fréquentées pendant tout le Moyen Âge, et bien longtemps après.

Illustration : Site antique de Glanum

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