S’il vous plaît M. de Grasse

Un musée, dans la cité des parfums, entretient la mémoire de celui qui a ouvert la voie à l’indépendance américaine. Le 17septembre1781, l’amiral de Grasse recevait à son bord George Washington.

Avec largesse, l’été indien prodiguait encore sa douceur aux côtes de Virginie. Pourtant, en ce 17septembre 1781, le général Cornwallis, retranché dans sa forteresse de Yorktown, se mourait d’inquiétude. Le roi d’Angleterre lui avait confié la mission de mater la rébellion des Américains, ces colons ingrats emmenés par un planteur du nom de Washington, qui prétendaient se libérer de la tutelle de la Couronne. Mais un événement imprévu venait de bouleverser ses plans. François-Joseph, comte de Grasse, lieutenant-général de la marine du roi de France, allié des Américains, venait, quelques jours plus tôt, de battre la flotte anglaise de l’amiral Graves, installant un blocus à l’embouchure de la baie de la Chesapeake. Yorktown se voyait privée de tout accès à la mer.


DEUX GÉANTS SUR LE PONT


L’inquiétude se trouvait également distribuée, en ce 17septembre 1781, sur le pont de La Ville de Paris, le navire-amiral français, un redoutable bâtiment de 104 canons. À son bord, George Washington en personne était venu rendre hommage à l’amiral de Grasse pour sa victoire navale. Mais le général en chef américain voulait surtout persuader son interlocuteur de soutenir une attaque de ses armées terrestres contre Yorktown.

La partie n’était pas gagnée pour Washington, ce géant d’1,94m que toisait l’amiral provençal du haut de ses deux mètres. Il fallut toute la persuasion du marquis de La Fayette pour convaincre le chef de la flotte française, plutôt soucieux de reprendre la mer vers les Antilles avant la mauvaise saison.

Finalement, l’autoritaire de Grasse se rendit totalement à la cause américaine. Quel soulagement pour Washington! Un mois plus tard, le 19 octobre, Cornwallis capitulait. Épaulés par les Français Rochambeau et La Fayette, les Américains remportaient la victoire décisive de Yorktown et scellaient leur indépendance. Leur histoire n’oubliera jamais l’engagement du marin provençal.


À lire : L’amiral de Grasse, par Jean-Jacques Antier, Éditions Ouest-France.


Illustration : Jean-Baptiste Mauzaisse, François Joseph Paul de Grasse (1843), château de Versailles.


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