Max Timbert
Plasticien culinaire
(1) Il existe plusieurs associations «Terre de Sienne» à Marseille. Celle dont il s’agit ici a été créée à l’initiative d’enseignants du collège Saint-Mauront.
Le catalogue
en pdf (13 Mo)
«J’aimerais que les assiettes soient mieux décorées. Puisque tu as l’esprit créatif, tu vas te mettre au poste des légumes. » C’était en Suisse, il y a quelques années. Mon patron d’alors n’avait pas l’intention de me vexer mais le résultat était là. Jeune cuisinier, j’aimais travailler les sauces, le poisson, les plats un peu élaborés. J’ai vécu la décision de mon chef comme une véritable punition. Pourtant, c’est bien ce jour-là qu’est née ma vocation de sculpteur sur fruits et légumes.
Je me suis vite rendu compte de la possibilité de création que procuraient ces aliments. Afin d’enrichir la présentation de mes assiettes des apports des nouvelles tendances, je me suis alors intéressé à la cuisine macrobiotique. J’ai découvert ainsi le tofu, le tempeh, le nato, les multiples variétés d’algues. Plus tard, les fleurs et les plantes sauvages comestibles sont venues enrichir mes assiettes d’une touche décorative. Après avoir quitté la restauration gastronomique pour travailler chez des traiteurs parisiens, j’ai appris l’art de créer des bouquets de fleurs en légumes taillés auprès d’un confrère qui m’a transmis son savoir-faire. Mais j’ai voulu aller plus loin. Ma rencontre en novembre 1995 avec un cuisinier qui revenait de Thaïlande a été déterminante. Deux périples en 1996 et 1997 m’ont permis de maîtriser cet art et m’ont convaincu d’arrêter définitivement la cuisine traditionnelle pour me consacrer uniquement à la sculpture sur fruits et légumes. Une fois acquise la dextérité nécessaire, c’est devenu mon métier. Mes préoccupations sont celles du sculpteur traditionnel : le travail dans la masse, la recherche du plein et du vide, celle de l’équilibre, l’étude des couleurs, des matériaux.Parfois on me demande pourquoi j’ai choisi de sculpter les légumes au lieu du bois ou d’autres matières. Et bien, c’est à cause de la couleur. J’aime la couleur, d’emblée. C’est comme créer une peinture en sculptant. Mes motifs sont souvent floraux. Je recherche, dans les légumes exotiques ou dans les végétaux anciens, de nouvelles couleurs, de nouvelles formes.La relation au végétal est essentielle. La famille des cucurbitacées, surtout, est une grande source d’inspiration tant elle comprend de variétés.
Lors des expositions ou animations, j’utilise les deux techniques : celle des bouquets en légumes taillés et celle de la méthode thaïlandaise de sculpture que j’intègre l’une à l’autre avec pour seul outil mon petit couteau thaïlandais à manche rond. Les assemblages des compositions sont réalisés avec des piques en bambou. Cet art originaire d’Asie est indissociable de la cuisine en Thaïlande car la nourriture doit être un plaisir autant pour l’oeil que pour le palais. Il est l’expression de l’impermanence soulignée par le bouddhisme et c’est justement l’éphémère de ces sculptures qui dérange, pourtant tous ces légumes sculptés ne sont-ils pas un peu comme nous…en plus accéléré ?
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Pastèque sculptée devant lotus. Max Timbert, Bombey, Inde, février 1997.